Les deux gredins tête en bas
« Mais… que se passe-t-il ? bredouilla Compère Gredin en entrant dans la salle à manger.
— C’est un cauchemar ! » cria Commère Gredin.
Ils se trouvaient au milieu de la pièce, les yeux fixés au plafond. Tous les meubles, la grande table, les chaises, le divan, les lampes, les petites tables, le casier à bouteilles, les bibelots, le chauffage électrique, le tapis, tout, tout était au plafond. Ils voyaient les tableaux à l’envers sur les murs. Et le sol, là où ils marchaient, était absolument nu. Mieux encore, il avait été peint en blanc pour ressembler au plafond.
« Regarde ! glapit Commère Gredin. Le parquet ! Le parquet est au-dessus de nous ! Ça, c’est le plafond ! Nous marchons au plafond !
— Nous avons la tête en bas ! tonna Compère Gredin. Ce doit être ça ! Nous marchons au plafond et nous regardons le sol.
— A moi ! cria Commère Gredin. J’ai le vertige !
— Moi aussi, moi aussi ! vociféra Compère Gredin. Quelle horrible impression !
Nous avons la tête en bas et le sang me descend à la tête ! piailla Commère Gredin. Il faut absolument trouver une solution et vite, je sens que je vais mourir !
— J’ai trouvé ! brailla triomphalement Compère Gredin. Puisqu’on est tête en bas, remettons-nous tête en haut et tout redeviendra normal. »
Ils posèrent leur tête sur ce qu’ils croyaient être le plafond. Et bien sûr, la colle que les corbeaux leur avaient jetée sur le crâne adhéra au sol. Ils étaient collés, éternellement englués aux planches du parquet.
Les singes qui avaient déserté leur cage dès que les deux gredins étaient rentrés chez eux observaient la scène à travers une fente de la porte. Puis ce fut le tour de l’Oiseau Arc-en-Ciel. Et tous les oiseaux, les uns après les autres, vinrent jeter un coup d’œil sur ce numéro de cirque Tête en Bas !